Numéro 2005_46

Dans le doute, abstiens-toi !

Pendant de nombreuses années, face aux maladies infectieuses, les malades n’ont eu d’autre recours que la patience. Selon qu’il mangeait ou non à sa faim, selon sa résistance ou sa bonne étoile, le patient guérissait, parfois au prix d’une longue convalescence, ou mourait. À la fin des années 40, les antibiotiques sont arrivés et la plupart des maladies infectieuses ont été vaincues. Petit à petit, nous nous sommes mis à penser qu’en cas d’infection, « sans les antibiotiques point de salut », sans nous rendre compte que le monde changeait. En effet, quoi qu’il en coûte à l’orgueil des médecins, ni eux ni les antibiotiques n’ont été les artisans de cette victoire. Le progrès social en est le principal responsable : progrès de l’hygiène, de la vaccination, de l’urbanisme, de l’habitat et de l’alimentation. Les infections bactériennes graves se sont ainsi raréfiées dans les pays développés. Dans le même temps se diffusait en ville un phénomène lié à la trop large utilisation des antibiotiques : la résistance des bactéries aux antibiotiques. Les médecins ont donc dû s’adapter. Prenons le cas, très fréquent, d’une bronchite fébrile, qu’il n’est pas si facile de distinguer dans les premiers jours d’une pneumonie. Avant, dans le doute, il était justifié de prescrire un antibiotique car le risque que ce soit une pneumonie était grand et les résistances au traitement rares. Aujourd’hui, les pneumonies graves sont devenues plus rares, les bronchites virales bénignes très fréquentes et les germes de plus en plus résistants. Dans le doute, chez une personne habituellement en bonne santé, mieux vaut ne pas prescrire un antibiotique, quitte à changer d’avis quelques jours après si son état ne s’arrange pas. On évitera ainsi bien des traitements inutiles et l’on préservera pour l’avenir ce traitement merveilleux que sont les antibiotiques.

Source : Bulletin du 19 novembre 2003 du Réseau d’Observation Mancelle des Pathologies Infectieuses (ROMPI)

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