Verrons-nous un jour un vaccin thérapeutique contre la maladie d’Alzheimer ?

Il y a plus d’un siècle, le Dr Alois Alzheimer a montré que le cerveau des personnes atteintes de la maladie qui porte son nom, présente deux sortes de lésions caractéristiques : des dépôts d’une substance anormale, la protéine amyloïde, et la surabondance d’une autre, la « protéine tau ».
Il y a quelques années, une équipe médicale a constaté que, chez des souris, l’injection intramusculaire d’une petite quantité de protéine amyloïde déclenchait l’apparition d’anticorps faisant disparaître les dépôts de protéine amyloïde et s’accompagnait d’une amélioration des performances de ces souris placées dans un labyrinthe (elles en sortaient plus vite). Cette découverte a suscité un immense espoir et des études plus précises.
Hélas ! Il est apparu que l’injection intramusculaire de protéine amyloïde pouvait aussi déclencher une encéphalite. En essayant de comprendre l'origine de cet effet indésirable dramatique, les chercheurs se sont aperçus que la molécule de protéine amyloïde était composée de deux fragments : l’un déclenchant la production d’anticorps anti-protéine amyloïde, l’autre pouvant provoquer une encéphalite. Une des pistes de recherche actuelles vise donc à couper la protéine en deux, éliminer le fragment néfaste et tester l’injection de la portion productrice d’anticorps. Une fois cette étape franchie, il restera à vérifier l’absence d’autres effets néfastes et la réalité chez l’homme du bénéfice médical suspecté chez les souris. Si tout se passe bien, il faudra ensuite évaluer la meilleure façon d’utiliser le produit pour soigner la maladie.
L’ensemble de ces phases de recherche peut durer plus de dix ans. Cette lenteur apparente est normale : chaque avancée doit être soigneusement vérifiée, discutée et publiée dans des revues scientifiques. La recherche médicale demande de la patience, de la prudence et de l’espoir. En pratique, pour ceux qui souffrent aujourd’hui de cette maladie et ceux qui les accompagnent, le « vaccin thérapeutique » est un espoir, mais pas plus que cela.

Source : Dr Marie Sarrazin. Où en est la R&D sur la maladie d’Alzheimer ? colloque « Les vaccins : une excellence française à préserver, Paris, 4 mars 2008