Numéro 2015_26

Epidémies : l’attitude de la population joue un grand rôle

Il existe toutes sortes de moyens de lutte contre les épidémies (mesures d’hygiène, vaccins, antiviraux et antibiotiques, etc.), mais toutes les épidémies récentes le confirment : c’est le comportement de la population qui est décisif.
Quand la réaction collective est désordonnée et incohérente, l’épidémie n’est pas contrôlable et peut faire des ravages. A l’inverse, quand les comportements individuels vont dans le bon sens, l’épidémie peut être jugulée. Exemples :
• La récente épidémie de virus Ebola, qui flambait dans plusieurs métropoles d’Afrique de l’Ouest et semblait incontrôlable, s’est brutalement interrompue lorsque les habitants ont compris comment le virus se transmettait.
En modifiant leur comportement, ils ont stoppé la diffusion du virus et l’explosion épidémique.
• Le déclenchement des maladies transmises par les moustiques (arboviroses) dépend beaucoup des conditions climatiques (succession de chaleur et de pluie). Quand la population abandonne en plein air des déchets creux (boites de conserve, vieux pneus, etc.), susceptible de conserver de l’eau croupie et ne se protège pas contre les piqures, les moustiques prolifèrent et transmettent facilement les arboviroses d’un humain à l’autre.
Quand tout le monde s’y met, la démoustication devient possible et la transmission interhumaine peut être ralentie.
Paradoxalement, alors que depuis le XIXème siècle les connaissances sur les agents infectieux et les moyens médicaux pour les combattre ont progressé, il n’existe pas de théorie scientifique solide sur les changements du comportement humain vis à vis des épidémies, probablement parce que les spécialistes de l’analyse des phénomènes culturels (anthropologues notamment) ne sont pas présents sur le terrain pendant les crises épidémiques.
Actuellement, le savoir scientifique se limite à un constat : quand une épidémie se déclenche, son évolution dépend beaucoup de l’attitude de ceux qui la subissent.

Source : entretien avec le Pr John Edmunds, (London School of Hygiene and Tropical Medicine) le 23 juin 2015

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