Numéro 2015_46

Une approche biomédicale mène à une situation absurde

« Biomédical » est le qualificatif utilisé par les philosophes pour schématiser une attitude réduisant les problèmes de santé à des maladies d’organes.
Le mode de pensée biomédical conduit à ne s’intéresser qu’au doigt quand le doigt montre la lune. Exemple : devant une personne dépendante du tabac et de l’alcool et souffrant d’une infection du foie causée par un tatouage exécuté 20 ans plus tôt, le soignant prisonnier d’une approche biomédicale se concentre sur l’infection du foie et ne s’intéresse pas au mode de vie de ce malade. Ainsi, même en lui prescrivant des anti-infectieux très efficaces, il n’empêchera pas la dégradation de son foie ni l’augmentation du risque de cancer, du fait de la persistance de la consommation d’alcool et de tabac.

L’approche biomédicale est pain bénit pour les vendeurs de solutions techniques visant les organes.
Elle est la principale responsable du gaspillage sanitaire de ressources humaines, techniques et financières et provoque une série d’absurdités si banales que nous n’y faisons même plus attention. Exemples :
- En France on encense les hôpitaux alors qu’ils consomment l’essentiel de nos ressources sanitaires pour soigner des maladies qui, bien souvent, auraient pu être évitées alors qu’on consacre moins de 4% de nos dépenses de santé à la prévention de maladies qui contribuent à embouteiller les hôpitaux, creuser le « trou » de la Sécurité Sociale, obliger la France à emprunter, risquant de nous mener vers un scénario « à la grecque ».
- Pendant que les difficultés financières des organismes de Sécurité Sociale imposent des déremboursements, la philosophie de notre système de santé conduit à jeter l’argent par les fenêtres et à privilégier ceux qui renforcent ce système.

Source : Colloque France-Québec. Ethique et santé publique. ISPED, Bordeaux. 2-6 novembre 2015

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