Numéro 2017_33

Pourquoi tant de bobards sur internet et ailleurs ?

Il est plus facile d’être écouté quand on déforme la vérité jusqu’à proférer un mensonge. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène observable sur internet, au bistrot, au travail ou dans les médias.
• La vérité est toujours compliquée, subtile et nuancée. L’exposer prend du temps. La comprendre demande de la disponibilité d’esprit et de l’attention. A l’inverse, un mensonge est simple et facile à comprendre en peu de temps.
• On accepte beaucoup plus facilement un discours qui correspond à ce qu’on a l’habitude de croire. La vérité est souvent dérangeante. Un mensonge qui correspond aux idées reçues passe bien mieux.

Marck Twain, auteur américain du XIXème siècle (Les aventures de Tom Sawyer, Les aventures d’Huckleberry Finn, etc.) résume ce phénomène par une formule imagée : « Un mensonge a le temps de faire la moitié du tour du monde avant que la vérité ait eu le temps de mettre ses chaussures. »

Quelques exemples de mensonges qui passent pour des vérités :
- On raconte que le crack boursier de 1929 a provoqué une vague de suicides, or il y a peut être eu quelques suicides de gens désespérés, mais les statistiques de l’état civil et des hôpitaux américains ne retrouvent aucune augmentation des suicides ou des décès pendant et après ce crack.
- En 1958, une équipe de tournage des studios Disney voulait filmer au Canada des lemmings, petits rongeurs réputés avoir une tendance au suicide collectif en se jetant du haut des falaises. Comme ils ne sont en réalité en rien suicidaires, l’équipe en a réuni quelques uns, les a précipités du haut d’une falaise et filmé le résultat. Ces images ont renforcé le mythe du suicide collectif des lemmings.
- Les photos de la planète Mars prises lors de la mission Mars Landers montrent des paysages de couleur ocre. En réalité, la planète est grise et terne, comme la lune. La couleur a été ajoutée pour rendre les photos plus attrayantes et coller à la réputation de Mars, la « planète rouge ».

Source : Robinson R. Pourquoi la tartine tombe toujours du côté du beurre. Dunod, juillet 2007.

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