Bacille de Koch (BK) et écologie
Le bacille découvert par Robert Koch en 1882 est responsable de la tuberculose. Sa multiplication est lente et consomme beaucoup d’oxygène. Quand il infecte un humain, il s’installe au fond des poumons, dans les alvéoles pulmonaires, là où la concentration en oxygène est la plus forte.
Habituellement, les défenses immunitaires réagissent rapidement et enferment les bacilles dans une prison de fibrine, une substance rigide. Si nécessaire, cette coque est renforcée par du calcaire. Après cet épisode baptisé « primo-infection », il ne se passe plus rien : les bacilles restent vivants mais ils sont emprisonnés sans oxygène, ce qui les empêche de proliférer.
Dans les années 50, à la suite du décès par tuberculose de son épouse, un ingénieur agronome français devenu chercheur au Rockefeller Institute (USA), René Dubos, a compris pourquoi les BK peuvent s’évader de leur prison et provoquer une tuberculose. Il a démontré que les voyages et les changements de cadre de vie imposent un effort d’adaptation qui fragilise la prison de fibrine et favorise l’évasion des BK. Ainsi, au XIXème siècle en Europe, la vague de migration des campagnes vers les villes (« exode rural ») a été responsable de l’énorme vague épidémique de tuberculose. Pour cette même raison, aujourd’hui, les « expats » (personnes travaillant à l’étranger) et les migrants sont « à risque » de tuberculose.
A partir des années 1990, une autre sorte de problème d’adaptation est apparue : l’immunodépression. La vague mondiale de Sida, due au Virus de l’Immunodépression Humaine (VIH), s’est accompagnée d’une flambée de tuberculose, le VIH réduisant les capacités d’adaptation du système immunitaire.
Actuellement, les dégâts provoqués par la tuberculose se surajoutent à ceux du Sida et ravagent les pays les plus touchés par le VIH, notamment les nations africaines.
Plus globalement, la découverte de René Dubos a eu un « effet collatéral » très inattendu. En démontrant que les changements d’environnement peuvent modifier l’état de santé, il a justifié la création d’un réseau de chercheurs capables de confronter des expertises médicales et environnementales. Initialement appelé « forum René Dubos », ce réseau a été le point de départ aux Etats-Unis du mouvement écologiste.
Sources : Open Rome et Dubos R, Escande JP. Chercher, Stock éditeur, 1979
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