Les antibiotiques : un produit bio pas forcément durable

Les antibiotiques sont des produits défensifs inventés et produits par les bactéries qui vivent en colonies.
Pour empêcher l’envahissement de leur territoire par d’autres espèces, ces bactéries diffusent autour d’elles des substances chimiques qui bloquent ou qui freinent la multiplication des autres espèces. Ces « produits bio » utilisés par une espèce pour se protéger contre d’autres espèces ont été baptisés “anti-bio-tiques”.
Chaque bactérie se reproduit en se divisant par deux. La bactérie nommée Escherichia Coli, par exemple, se reproduit en se dupliquant toutes les 20 minutes, ce qui double à chaque fois le volume de la colonie.
La principale activité des bactéries consiste donc à se diviser en deux et à empêcher d’autres bactéries d’empiéter sur leur niche écologique pour s’y approvisionner en énergie. Pour survivre et se multiplier en toute tranquillité, chaque espèce de bactéries doit donc à la fois se protéger contre les autres espèces de bactéries et résister aux effets des antibiotiques qu’elles produisent, grâce à un système de résistance à cet antibiotique : l’apparition d’un antibiotique dans la nature est obligatoirement liée à une résistance à cet antibiotique.
Les humains ont découvert peu à peu l’existence des antibiotiques, à la fin du XIXème siècle et dans la première moitié du XXème siècle. Quand ils ont su utiliser les bactéries pour industrialiser la production d’antibiotiques, ces substances ont pu être prescrites à grande échelle, guérissant des malades atteints par des infections qui étaient dramatiques auparavant. Ce miracle a néanmoins une contrepartie : plus on se sert des antibiotiques, plus on diffuse les résistances à ces médicaments.
Le souci actuel des médecins, des chercheurs et des autorités sanitaires est de trouver la façon de rendre durable ces « produits bio ». Ils sont convaincus que c’est possible, à condition de servir des antibiotiques à bon escient, quand et seulement quand ils sont utiles. « Bio » et « durable » riment avec « raisonnable ».

Source : entretien avec le Pr Marie-Hélène Nicolas-Chanoine