Substituer ou décrocher vraiment ?

La caractéristique d’une addiction est bien connue : il est très difficile de se passer du produit auquel on est « accroché ». Au bout d’un certain temps, lorsque des difficultés personnelles, familiales, professionnelles ou financières surviennent, les personnes devenues dépendantes cherchent à « décrocher » pour échapper à leur fournisseur, à leurs créanciers ou à la justice.
Dans la plupart des cas, il existe des protocoles médicaux efficaces pour retrouver une vie sans addiction. Dans le cas de l’addiction aux opiacés, ces protocoles utilisent au début des produits dits « de substitution », qui diminuent les effets désagréables du « manque » et permettent un décrochage progressif.
Les toxicomanes connaissent très bien, et depuis longtemps, les effets bénéfiques de la substitution. Leurs solutions pour remplacer un produit par un autre en cas de problèmes sont de mieux en mieux connues. Elles dépendent du contexte local, de la disponibilité des autres produits, de l’expérience transmise par les autres toxicomanes et de l’âge du consommateur. Il existe ainsi une véritable « culture toxicomaniaque » qui facilite la survie des personnes dépendantes de produits illicites.
Prendre en compte ce savoir-faire est indispensable quand on accompagne un toxicomane parlant de « décrocher » et une des premières questions à poser est : « D’habitude, en cas de problème, vous le remplacez par quoi ? ».
Une équipe scientifique israélienne vient de publier les résultats d’une enquête sur ce sujet : dans ce pays les héroïnomanes se servent temporairement de méthadone (achetée dans la rue), de médicaments opiacés (anti-douleurs), ou de psychotropes (antidépresseurs, somnifères) ; les consommateurs de cannabis utilisent de l’alcool, des résines de synthèse ou même de l’héroïne.

Sources : Shapira B et al. The switch from one substance-of-abuse to another: illicit drug substitution behaviors in a sample of high-risk drug users Brain and Congnition, 17 juillet 2020