Numéro 2020_37

Inventer un problème et vendre sa solution : arnaque

L’offre de produits et de services propose habituellement une façon de résoudre un problème ou de satisfaire un besoin. Quand ce qui est fourni ne correspond pas à ce qui est annoncé, le fournisseur est accusé de tromperie ou de publicité mensongère. Quand il encaisse le paiement mais ne fournit rien, il est accusé d’escroquerie.
Il existe une autre façon parfaitement malhonnête mais légale de vendre des produits et des services à des gogos : proposer une solution pour un problème qui n’existe pas. Par exemple :
• Un animateur de radio, réalisateur de film et acteur, Alexander Emerick Jones (dit Alex Jones) a fait fortune en diffusant des théories du complot puis en commercialisant sur sa plateforme (infowars) des produits permettant de se prémunir contre les risques supposés : matériel de survie contre l’apocalypse, pilule stimulant les hormones (masculines ou féminines) pour rendre fort et éviter l’homosexualité, etc.
• Un chirurgien anglais, Andrew Wakefield, payé au départ par un cabinet d’avocats, a inventé une maladie (entérocolite non spécifique avec hyperplasie iléale lymphoïde) présumée annonciatrice d’autisme et a publié sa description dans une grande revue médicale (Lancet). Il a ensuite levé des fonds pour créer une start-up commercialisant un test de dépistage de cette maladie.
L’aventure a tourné court quand une série d’enquêtes a prouvé que l’article était une imposture scientifique et que la maladie n’existait pas.

Les responsables de ce type d’arnaque ont plusieurs points communs :
• ils sont convaincus de ce qu’ils disent et mettent en cause l’honnêteté de ceux qui les contredisent ;
• ils se présentent comme des lanceurs d’alerte indépendants, victimes de l’omerta imposée par les autorités ;
• ils surfent sur les peurs collectives, le complotisme et l’ignorance de leurs interlocuteurs ;
• dans tous les cas ils tirent un profit financier, parfois considérable, de ce qu’ils annoncent.

Sources : Open Rome, http://www.infowarsshop.com, Lancet 1998.

Dites 33

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