Numéro 2023_04

Que se passerait-il si on surveillait le tilleul menthe comme un médicament ?

Pour pouvoir boire une infusion de ce type, il faudrait :

1 - Vérifier qu’elle n’est pas toxique, en réalisant des expérimentations chez des animaux puis des humains.

2 - Etudier méticuleusement ses effets chez un petit nombre d’humains, puis sur un grand nombre.

3 - Obliger chaque producteur de tilleul ou de menthe à déposer auprès des Autorités de santé un dossier contenant
les résultats de toutes les expérimentations réalisées.

4 - Interdire toute commercialisation tant que les Autorités n’ont pas examiné ce dossier et donné leur accord.

5 - Demander aux professionnels de santé et à la population de signaler les décès et les maladies graves survenant
chez des buveurs d’infusion contenant du tilleul ou de la menthe.

6 - Suspendre les ventes de tilleul-menthe à chaque incident grave, tant que les spécialistes de la
« tilleulovigilance » n’ont pas pu démontrer que l’infusion n’est probablement pas la cause de cet incident.

7 - Soumettre tous les producteurs et les distributeurs de tilleul-menthe à un contrôle permanent pour éviter les
fraudes et la diffusion de produits de mauvaise qualité ou de contrebande.

8 - Obliger tous les experts à signaler leurs liens d’intérêt dans le domaine du tilleul-menthe.

Source : Open Rome

Signal

Terme utilisé dans la surveillance des médicaments, des vaccins et des autres produits de santé.

Est considéré comme un « signal » tout événement grave ou rare survenant chez une personne ayant consommé le médicament, ayant été vacciné ou ayant utilisé le produit.

Ce signal déclenche une mise en alerte des prescripteurs et une enquête minutieuse pour détecter d’autres cas similaires et rechercher un lien de cause à effet.
Exemple : dans les années 60, un médecin anglais a signalé qu’un patient mettant des gouttes dans ses yeux venait de décéder alors qu’il était en bonne santé. Il s’est avéré que les gouttes étaient toxiques… pour le cœur (passage dans le sang + effet cardiaque). Le médicament a été interdit.

La plupart du temps, les signaux de pharmaco- et de vaccino-vigilance sont déclenchés par des coïncidences et les enquêtes qui sont s’ensuivent finissent par innocenter le suspect. Néanmoins, tant que le produit est soumis à une enquête, les professionnels de santé et les Autorités doivent signaler aux patients, aux media et à la population que le produit présente peut être un risque. Cette prudence a des effets pervers : quand le risque est démenti, les messages innocentant le suspect sont souvent peu efficaces.
Le plus bel exemple en est le vaccin contre l’hépatite B, accusé à tort de provoquer des scléroses en plaques. Une partie de la population est toujours convaincue qu’il est dangereux (« Il n’y a pas de fumée sans feu »).

Source : Open Rome

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