Numéro 2023_25

Les tests Covid19 ont coûté presque autant que toute la médecine générale

On se demande souvent pourquoi les médecins généralistes sont découragés et pourquoi les jeunes médecins fuient l’exercice de la médecine générale.
L’examen de la Consommation de Soins et de Biens Médicaux (CSBM) fournit une piste de réflexion. En 2021,
- La réalisation de 150 millions de tests Covid 19 a coûté 6.5 milliards d’Euros, soit 43.33 € par test, alors que le test lui-même ne coûte que quelques euros et que faire un test n’a rien de compliqué.
- Le budget lié aux 230 millions d’actes de médecine générale a coûté 10,5 milliards soit 45.65 € par acte, quasiment la même chose que la pratique du test Covid.

Si on rémunérait les cadres supérieurs de la même façon que des travailleurs « ubérisés », ces cadres n’auraient-ils pas l’impression qu’on se moque d’eux ? Ne chercheraient-ils pas à se tourner vers des métiers moins maltraités ?


Source : IRDES, 2022

CSBM

Abréviation de Consommation de Soins et de Biens Médicaux.

Chaque année, la CSBM est rendue publique pour permettre aux parlementaires, aux gestionnaires et aux chercheurs de réfléchir à la façon d’améliorer l’organisation et la gestion du système de santé.

Quand ce texte a été rédigé, la CSBM la plus récente portait sur l’année 2021. Les chiffres publiés sont intéressants :
- Le budget total est de 226,7 milliards d’Euros.
- 48% des dépenses financent les hôpitaux, le secteur public en recevant les 4/5 et les cliniques le 1/5 restant.
- Les dépenses de médicaments (utilisées pour vilipender les « Big Pharma » et les pharmaciens) ne pèsent que 14%.
- La médecine générale, censée être l’outil de régulation du système, consomme 5% du budget total.
Cette répartition des grandes masses budgétaires se perpétue depuis des dizaines d’années.

Curieusement, quand on examine rétrospectivement les grandes décisions politiques françaises dans le domaine de la santé, on s’aperçoit que les solutions mises en œuvre pour réduire le « trou de la Sécu » ont porté surtout sur les plus petits postes de dépenses en cherchant à
- réduire le coût des médicaments (génériques, marges des pharmaciens, stratégies « prix-volumes avec les firmes),
- réduire le nombre des médecins prescripteurs selon le dogme « s’il y a trop de prescriptions, c’est parce qu’il y a trop de prescripteurs ».

Ne faudrait-il pas plutôt remettre en cause le rôle, l’organisation, le mode de gestion, la productivité, l’efficacité et le coût des hôpitaux, publics notamment ?

Sources : IRDES 2022, Open Rome .

Aimez-vous ce numéro ?

3 personnes aiment ce numéro !