Numéro 2023_28

Le confinement a provoqué des hépatites infantiles graves !!!

Partout dans le monde le confinement imposé pour freiner la progression du Covid19 a été très efficace aussi pour empêcher la diffusion des virus saisonniers de grippe, bronchiolite, rhume, bronchite, gastro-entérite, etc.

A la levée du confinement, ces virus ont repris leur circulation, notamment chez les enfants de retour à l’école. La synchronisation de cette reprise a eu un effet spécial : les enfants ont été simultanément infectés par des virus qui, d’habitude, les envahissent l’un après l’autre seulement.

Ces co-infections, d’habitude rares, ont été fréquentes, avec des conséquences médicales surprenantes.
Ainsi, les co-infections par certains adénovirus et certains virus herpès ont provoqué chez des enfants génétiquement prédisposés des hépatites sévères, imposant parfois une greffe du foie.

Source : https://www.vidal.fr/actualites/30177-hepatites-pediatriques-indeterminees-en-2022-la-clef-du-mystere.html?cid=eml_002800

Enquête

Fil conducteur des séries policières.
Dans le monde médical, les enquêtes peuvent demander beaucoup de patience et des moyens de haute technologie.
L’enquête sur les hépatites de l’enfant en est un bon exemple.
Point de départ : au printemps 2022, dans plusieurs pays industrialisés des hépatites pédiatriques bizarres et graves sont signalées, dont jusqu’à 10 % nécessitent une greffe de foie. Ainsi, 278 cas sont recensés en Grande Bretagne.

Un adénovirus saisonnier banal (HAdV F-41) est retrouvé chez ces enfants, mais sa présence n’explique pas la gravité des cas. D’habitude, chez des enfants en bonne santé, ce virus ne provoque qu’une brève gastro-entérite bénigne.

Pour identifier le coupable, les enquêteurs britanniques prennent les grands moyens : interrogatoire de tous les soignants concernés, recherche de fragments de virus et de débris de protéines, collecte d’ADN, d’ARN, dosages multiples dans le sang, le plasma, le foie, les selles.

Ils examinent de cette façon 38 enfants atteints de cette hépatite bizarre, 66 autres enfants avec une bonne immunité et 21 enfants immunodéprimés.

Résultat : chez les enfants malades, il n’y avait pas 1 mais 2 virus actifs simultanément, le second étant un banal virus herpès humain (HHV-6B). D’habitude chacun d’eux est bénin mais, ensemble, ils deviennent beaucoup plus dangereux.
Oui, mais… ces virus sont très répandus, alors pourquoi n’y a-t-il eu que quelques centaines de cas graves ?

Une équipe d’enquêteurs écossais montre finalement que les formes graves sont liées à une particularité génétique rare. La gravité est due à la co-infection + terrain génétique.

Sources : Morfopoulou S et al. Nature, 30 mars 2023
Ho A, Orton R, Tayler R et al. medRxiv, 19 juillet 2022.

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