Numéro 2024_01

Méconnaître les découvertes peut nuire à la santé !

Les décisions sanitaires sont souvent en décalage par rapport aux données de la science. Ce n’est pas surprenant : science et politique de santé ne marchent pas au même rythme.

L’histoire regorge de situations de ce type. L’exemple le plus frappant est celui du scorbut qui, pendant des siècles, a été le problème de santé le plus dramatique de la marine à voile. Après quelques semaines de navigation, il provoquait chez les marins une purulence des gencives, des hémorragies, puis la mort.

Au Portugal, en 1227, Gilbertus de Aguila avait recommandé aux marins d'embarquer des stocks de fruits et de légumes frais pour prévenir ce mal. Sage recommandation qui resta confidentielle : quand Vasco de Gama passa le cap de Bonne Espérance en 1497, le scorbut avait déjà tué deux tiers de son équipage.

En Angleterre, à partir du XVIIème siècle, les autorités décidèrent de porter tous leurs efforts sur la conquête des mers. Le scorbut était un problème crucial à résoudre au plus vite. La solution aurait pu être immédiate : un médecin, John Woodall (1570-1643) avait recommandé la consommation de fruits frais sur les vaisseaux de la British East India Company puis, en 1747, un des chirurgiens de la Royal Navy démontra que les citrons guérissaient le scorbut. Il publia sa découverte à trois reprises, en 1754, 1757 et 1768. En vain : ce n’est qu’après la mort de ce chirurgien en 1794 que les Autorités anglaises décidèrent enfin de fournir une ration journalière de citrons aux marins de la Royal Navy.

Ces retards à la diffusion d’une stratégie simplissime de prévention ont coûté la vie à des milliers de marins.

Sources : www.publius-historicus.com/gama.htm et https://www.herodote.net/Si_pres_du_but-synthese-2655.php

Essai comparatif

Expérience visant à déterminer si un produit (ou une technique) est plus efficace que d’autres.

Le premier essai comparatif connu fut organisé en 1747 par un chirurgien écossais de la Royal Navy, le Dr James Lind, afin de savoir quel était le produit capable de guérir le scorbut chez les marins. Il compara les effets de six traitements différents chez 12 marins scorbutiques répartis en 6 groupes de deux. Chaque groupe reçut un de ces remèdes expérimentaux soit, la moitié d’une pinte d’eau de mer, ou une pinte de cidre quotidienne, ou six cuillerées de vinaigre, ou une pâte avec orgeat, ou des gouttes d’élixir de vitriol (acide sulfurique), ou 2 oranges plus 1 citron. Seul ce dernier groupe fut rapidement guéri.
Le Dr Lind en conclut qu’il fallait ajouter des citrons dans la ration alimentaire des marins.

Cette découverte eut plusieurs conséquences :
- Dès que les autorités eurent compris l’intérêt de cette découverte (47 ans plus tard), les explorations maritimes lointaines purent se développer et atteindre l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
- Le principe des essais comparatifs fut appliqué à de nombreux autres problèmes de santé.

Source : https://www.herodote.net/Si_pres_du_but-synthese-2655.php

Aimez-vous ce numéro ?

1 personnes aiment ce numéro !